Bienvenue dans la République de Djibouti, où Il ne s’écoule pas une semaine sans que des tantes en mal d’information ne vous rapportent le divorce récent des filles de leurs amies. De ce bouche à oreilles incessant, aucune statistique ne semble émerger ; nous assistons, impuissants, à une liste impressionnante d’échecs matrimoniaux alors qu’il y a à peine quelques mois, Djib-live publiait les photos du mariage. Pourtant, loin de nous l’idée d’usurper la tâche du Ministère des de la Culture et des Biens Waqfs en vous exposant des chiffres; Djibstyle Magazine se propose uniquement d’énumérer les 6 raisons qui pourraient expliquer la flambée des séparations à Djibouti ainsi que quelques clés pour la réguler.
1. La mésentente avec la belle-famille
Décidément, mieux aurait fallu deviner ce que pensait l’amie de la cousine de votre mère car cette dernière ne se reprochera jamais de ne pas vous avoir renseigné sur l’attitude de votre future belle-famille. Il existe, en effet, un pourcentage non négligeable de parvenus qui souhaiteront que vous impressionniez des individus que vous ne connaissez pas avec des moyens dont vous ne disposez pas encore. Les signes avant-coureurs sont déjà perceptibles les jours précédant votre mariage. Cessez de les éclabousser avec vos origines modestes, votre salaire de fonctionnaire et votre pedigree douteux ; seules les salles de mariage du Kempinski et les trottoirs de Haramous méritent que leurs filles s’y promènent. Et êtes-vous sûre, mademoiselle, de ne pas avoir ensorcelé votre mari pour qu’il soit aussi prévenant avec vous ? Votre belle-mère se chargera d’en avoir le cœur net en s’installant chez vous. Face à cette situation, nous vous incitons, votre conjoint(e) et vous, à vous lever comme un seul homme et à pratiquer la surdité sélective ; ne prêtez jamais une oreille attentive à ce sabotage organisé.
2. L’immaturité
Un nombre conséquent de Djiboutiens s’embarquent dans le mariage comme certains voyageurs s’élançaient sur le Titanic ; la cohabitation avec votre conjoint(e) peut briser l’image que vous aviez de votre ex-petit(e) ami(e). Le véritable paradoxe se trouve dans le fait que ce sont en général vos parents qui détectent l’immaturité de votre promis(e). Epouser un homme ou une femme qu’auront validé vos parents a beau vous remuer l’âme, tous les « caadis » de la ville sont abasourdis face au flot de motifs de séparation tous plus immatures les uns que les autres. Ne reculant jamais devant l’audace, certains prétextent que leurs conjoint(e)s ne les laissent pas suffisamment regarder la télévision ; d’autres que vous refusez de les aider à réaliser leurs rêves aux dépends des vôtres. Testez le comportement de votre bien-aimé(e) avant de vous engager, en gardant à l’esprit que ce ne sont pas les gens qui changent, seulement les masques qui tombent.
3. Le laisser-aller
Nous vous avions prévenu que les diraacs et les foutas, bien qu’ils soient d’une efficacité redoutable à cacher l’obésité, ne vous mèneraient jamais à la réussite. Nous touchons là à un défaut djiboutien par excellence: prendre son partenaire pour acquis dès lors que les vœux du mariage ont été contractés. Adieux les faux-semblants, les extensions de cheveux, la taille fine, la barbe fraichement rasée et le parfum dernier cri ; vous voici lié(e) pour la vie à une version améliorée de votre père ou de votre mère. L’idée de livrer l’habit traditionnel aux sarcasmes ou d’être grossophobe ne nous effleure pas l’esprit mais nous ne devons jamais perdre de vue que notre corps est la barque que nous devons mener avec dextérité sur l’océan du mariage. Ne perdez jamais une occasion de rappeler à votre partenaire qu’il/elle devrait prendre des cours de natation, sans quoi il/elle se noierait dans votre beauté.
4. L’infidélité
De nos jours à Djibouti, c’est devenu un mal tristement commun de se faire aborder dans la rue par des hommes ayant l’âge de vous donner la vie. Existe-t-il un soir où vous avez diné dans certains restaurants connus de la capitale, ayant « pignon sur mer », sans croiser des connaissances expliquant l’origine du monde à des jeunes filles à peine sorties du lycée ? Le contexte de notre société hybride, à cheval entre tradition et modernité bousculent les clichés du comportement volage exclusivement masculin ; le nombre de femmes mariées recherchant satisfaction en dehors des liens du mariage est croissant. Infidélité occasionnelle ou seconde histoire d’amour, les adeptes de la construction de duplex sur triplex prétexteront, de manière hypocrite, que les raisons citées précédemment justifient la trahison de leurs vœux. Généraliser une solution pour régler la question épineuse qu’est l’infidélité ne peut être que maladroit ; sachez néanmoins qu’il existera toujours une meilleure eau pour rincer les aléas du mariage, que le sang et les larmes.
5. Les problèmes financiers
Ils ne cesseront jamais de vous ressasser que Djibouti est un havre de paix, sans préciser que la cherté de la vie y rivalise avec l’illogisme et la folie des grandeurs. Vous qui pensiez lier votre vie à la femme de vos rêves, voilà que chaque fois que vous la regardez, vous avez l’impression d’avoir fait faillite. Quelque soit la somme que vous ramenez dans votre foyer, votre situation financière sera analysée au thermomètre de la vie des autres. Ne risquez donc jamais de perdre votre emploi ou d’être rétrograder : le fait de ne pas assurer l’achat hebdomadaire des boubous de madame pourrait mettre votre couple à rude épreuve. Fort d’une éducation djiboutienne particulièrement laxiste envers les hommes, ces messieurs ne sont pas non plus en reste. Aujourd’hui, il n’est pas rare d’observer des situations matrimoniales où, la femme subvient seule aux besoins de sa famille pendant que monsieur se préoccupe de tout sauf de trouver un travail. Et somme toute, est t-il encore utile d’évoquer les sommes astronomiques dépensées lors des cérémonies de mariages, pour des raisons que nous ignorerons toujours, ou le prix exorbitant des loyers dans la capitale? Face à ces problèmes à double tranchant que sont les difficultés financières, nous ne pouvons que vous souhaiter de rencontrer un conjoint ayant compris que l’argent est le nerf de la guerre et, qu’utilisé à mauvais escient, c’est prendre le risque de la perdre à court et à long terme.
6. L’addiction
Nous arrivons au point le plus délicat de ce classement, dans la mesure où notre peuple a la fâcheuse tendance à banaliser les drogues dont il ne peut plus se passer. Nous nous adresserons d’abord à vous mesdames, à qui on reproche de se plaindre d’une herbe que votre mari consomme, comme « tous les autres », mais que personne ne plaindra lorsque la vendeuse de khat viendra en même temps que vous à la banque, le jour du paiement des salaires, pour réclamer son dû. Silence radio également lorsque votre mari perdra son travail car incapable de se lever le matin après une séance de khat nocturne ; le « renfort » sera toujours plus important que subvenir aux besoins de votre famille. Nous continuerons avec vous, messieurs, qui pensiez dénicher la perle rare le jour de votre mariage mais qui vous retrouvez à vous occuper seul de vos enfants parce que votre femme a élue résidence, de jour comme de nuit, dans un bar à chicha. S’ensuivent problèmes de communication, mensonges et difficultés financières, citées plus haut, qui ne feront qu’envenimer une situation d’ors et déjà précaire. Le manque criant de centre de désintoxication ne doit pas décourager les ménages à prendre en main leurs addictions, afin de trouver un juste milieu entre leurs responsabilités matrimoniales et leurs consommations respectives.
Ainsi, nous pouvons considérer que le mariage est un engagement devant Dieu et les hommes pour fonder une famille, c’est-à-dire transmettre un patrimoine biologique, économique, culturel et non un moyen de gravir l’échelle sociale ou de s’acheter une respectabilité, tout en bafouant ses codes. Djibstyle Magazine vous remercie pour l’attention que vous lui prêter, semaine après semaine et ne peut que souhaiter à ses internautes, de rencontrer un(e) partenaire ayant les pieds sur terre, la tête sur les épaules et les idées en place, pour les accompagner sur cette Terre et même après.
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