Le début du 21ème siècle marque l’entrée dans l’ère numérique. Dans un monde de plus en plus connecté, les Djiboutiens ne font pas exception à la règle en virtualisant, en partie, leurs interactions sociales. Pourtant, n’avez-vous jamais ressenti un goût amer en surfant sur les différentes applications, après une longue journée de travail ? Djibstyle Magazine, se propose de décrire 7 profils djiboutiens présents sur les réseaux sociaux, qui pourraient être à l’origine de vos questionnements.
1. L’influenceur du dimanche
Nous ne pouvions débuter ce championnat sans citer le joueur ayant une présence indiscutable sur le terrain. Vous le rencontrerez sur toutes les plateformes que vous fréquentez, de Facebook à Twitter en passant par Instagram, où il se fera une joie de vous vendre le rêve d’une Djibouti parfaite, à l’image de ses posts politiquement corrects. Parlant de lui à la troisième personne du singulier, qu’il maîtrise ou non le sujet qu’il aborde, l’ influenceur n’hésitera jamais à utiliser sa notoriété à des fins qui nous sont, à tous, impénétrables. Vous prend t-il soudain l’envie de le mettre face à ses lacunes, en privé? Il vous répondra benoîtement, par un live, que, de peur de les instruire, il ne répond pas aux imbéciles. L’ego mal placé ne permet malheureusement, que d’avoir une vision très limitée de la réalité ; demandez-vous, autant que vous le pourrez, si les noms d’oiseaux dont il qualifie ses détracteurs, ne sont pas tirés de sa biographie.
2. Le sans-avis fixe
Voici venu le tour de l’abonné le plus actif de notre ami influenceur. Fan des premières heures ou ennemi juré, il changera de casquettes aussi rapidement qu’un vent de juin transporte un sachet plastique de Place Rimbaud à Quartier 3. En passant d’un groupe Facebook à l’autre, selon que l’auditoire sera plus ou moins réceptif, le sans-avis fixe vous entraînera dans les ruelles à sens contraire de son cerveau, au point où vous ne saurez plus dans quelle direction vous tournez pour aller prier. Intimement persuadé du « je pense donc je suis », il interprétera votre incapacité à comprendre ses retournements de veste comme un manque d’intelligence ou d’ouverture d’esprit. De ce fait, ne perdez aucune minute à débattre virtuellement avec lui car, sans doute il pense mais souvent il suit.
3. Le donneur/la donneuse de leçon (parfois un peu extrémiste)
Nos réseaux sociaux sont peuplés d’individus aux narines serrées qui utiliseront le premier cheveu dans la soupe, pour en faire des drapeaux. Le donneur de leçon est le maître incontesté de ce type de profil. Réunissant une ou plusieurs références « artistiques » et deux ou trois amis, qui sponsorisent tous ces propos, la connaissance livresque de ces messieurs et mesdames je-sais-tout ne semble connaître aucune limite. Il vous arrivera de vous inquiéter de leurs heures de sommeil tant ils/elles sont occupé(e)s à copier/coller hadiths et commentaires sur les profils de personnes non consentantes. Les critiques constructives sont, de tout temps, bienvenues ; les avis mesquins non sollicités qui sapent le moral ou le travail des internautes tout en jouant les arbitres des élégances sont une autre paire de manche. Remerciez autant que faire se peut, cette catégorie pour sa sollicitude tout en espérant que les conseils du 15-17 sur l’importance de s’occuper de sa propre vie, portent un jour leurs fruits.
4. « le photographie-moi avec » (« igu sawiir »)
Que celui qui ne s’est jamais pris en photo dans une situation avantageuse lui lance la première pierre ; le « photographie-moi avec» a su se démarquer grâce à son opportunisme, caché difficilement sous la casquette d’activiste/bienfaiteur. Quelque soient les projets qu’il défend, qu’ils lui soient propres ou qu’il les aient repris pour des raisons que l’on ignore encore, le « igu sawiir » a bien du mal à accomplir une tâche ou œuvre de bienfaisance sans qu’une caméra ne soit à portée de main. Appartenant à un cercle fermé, composé de personnes motivées par la même soif de « m’as-tu vu », ils se tagueront à qui mieux-mieux pour masquer collectivement leurs dents qui raillent le parquet. Ainsi, évitez, au maximum, de remarquer que leurs posts transpirent l’ambition par tous les mots qu’ils comportent ; ils vous répondront que vos aboiements n’empêcheront jamais leurs caravanes de passer. L’Homme humble par vertu et non par intérêt, pratique le bien sans klaxon ni tambour ; restez efficace sans jamais tomber dans le piège d’une visibilité malsaine où votre légitimité se retrouverait affaiblie.
5. L’indigné inactif ou « fadhii ku diriir »
Place à la partie la plus importante en vue du nombre de personnes qu’elle regroupe et qui fait le succès virtuel du « igu sawiir ». L’indigné inactif se présente comme un profil intelligent et éveillé auquel n’ont pas échappé les enjeux présents. Le problème réside dans le fait qu’il considère la situation actuelle comme l’horizon indépassable de notre temps. Aucune activité, noble ou juste, ne pourrait être à la hauteur des incohérences qu’il a identifiées. Lui proposez-vous d’accomplir des œuvres bénévoles ou de partager son savoir-faire avec ses concitoyens ? Cessez de lui faire perdre son temps pour une cause perdue d’avance, il est bientôt l’heure de récupérer sa dose de khat. Et tant que le sort lui reste favorable, pourquoi voulez-vous qu’il incarne dans sa personne, le changement qu’il espère autour de lui ? Nous ne pouvons que vous inciter à vous dissocier de l’indignation passive du « fadhii ku diriir », faite de paroles qui ne dépasseront jamais la porte du mabraze, en gardant à l’esprit, que nul n’est mieux placé que vous-même, pour redresser votre pays.
6. Le Propagandiste 2.0
Vous pourriez presque ignorer ce type de personnage, tant le propagandiste 2.0 excelle dans l’art de ressasser des sujets auxquels lui-même ne croit plus, le tout accompagné d’une grammaire approximative. Anciens étudiants ayant renoncé à leurs idéaux après un court séjour dans le monde professionnel djiboutien ou flatteurs de vocation vivant, comme la fable le décrit, aux dépends de ceux qui les écoutent, ils rivaliseront de synonymes plus élogieux les uns que les autres pour décrire des situations dont plus personne n’est dupe. Nous pourrions prendre en pitié tant de détresse intellectuelle si elle ne nous décourageait pas de l’émergence d’un sursaut idéologique à Djibouti. La sincérité est une chaise inconfortable sur laquelle peu de personnes sont prêtes à s’asseoir mais « ce que l’on cache aux Hommes, on ne pourrait le cacher à Dieu » et, c’est peut-être cela la véritable misère de l’hypocrite.
7. le tribaliste primaire
Nous clôturons ce championnat par le profil en passe de devenir prédominant dans les années à venir. Quiconque suit régulièrement son fil d’actualité a remarqué des contenus sectaires décomplexés, visant à transformer nos problématiques socio-économiques en conflit tribaux. Malheureusement, de la désinformation à la haine, il n’existe qu’un pas ; loin est l’époque où les réseaux sociaux connectaient les membres de la communauté entre eux. Nous sommes de moins en moins surpris de tomber sur des Lives où, des vieillards à la barbe blanche ou des jeunes déracinés, se lancent toutes sortes d’invectives pour masquer leur méconnaissance profonde du territoire djiboutien. La complexité à gérer ce problème est inversement proportionnelle à la simplicité d’en dresser le constat, qui est une responsabilité d’ordre NATIONALE. Intervenez et signalez les posts problématiques ; sensibilisez les plus jeunes au sens du mot «nation» ; ne permettez jamais que Djibouti se définisse autrement QU’UNE et INDIVISIBLE.
Avec notre humble expérience sur les réseaux sociaux djiboutiens, nous espérons vous avoir fourni des réponses pertinentes face aux différents profils qui ont pu vous interpeller et vous souhaite une agréable continuation dans vos interactions virtuelles. La Terre ne sera, sans doute, jamais suffisamment profonde pour enterrer la négativité mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer.
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