À l’approche des examens de fin d’année, mieux vaut prendre soin de son sommeil. Car la performance de la mémoire dépend en partie de sa durée et de sa qualité.
Qui n’a jamais expérimenté les ravages d’une nuit blanche sur la concentration avant un examen? Mémoire et sommeil sont intimement liés. Et dormir permet de renforcer le souvenir de ce qui a été appris. Grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale, les scientifiques savent désormais quelles sont les zones du cerveau liées à l’apprentissage qui se réactivent pendant le sommeil. De récentes recherches menées par l’équipe de Stéphanie Mazza, au laboratoire d’étude des mécanismes cognitifs de l’université Lumière à Lyon, ont apporté quelques précisions.
Premier élément, la quantité de sommeil. «Il faut avoir suffisamment dormi pour être capable de retenir ses leçons, précise d’emblée la scientifique. En étant en manque de sommeil, on restreint ses compétences, car on n’est plus capable d’assimiler correctement les informations.» De bonnes nuits facilitent donc la mémorisation. Mais les cycles du sommeil sont aussi à prendre en compte.
Pour le Pr Isabelle Arnulf, neurologue et chef du service des pathologies du sommeil de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), ces bénéfices seraient liés au sommeil profond. Enfin, le sommeil permet de faire le tri dans les informations retenues, comme l’a montré une étude franco-belge parue dans la revue Journal of Neuroscience.
Les chercheurs ont présenté à une vingtaine d’étudiants des mots à apprendre et d’autres à oublier, puis les ont séparés en deux groupes, dont l’un privé de sommeil. Trois jours plus tard, tous les volontaires avaient mémorisé le même nombre de mots à apprendre, mais ceux qui n’avaient pas dormi se souvenaient aussi d’un nombre plus important de mots à oublier. Autrement dit, si la consolidation d’un apprentissage n’est pas forcément anéantie par une privation de sommeil, le tri est perturbé, d’où des informations parasites qui peuvent sérieusement compliquer la restitution d’une leçon…
Mémoriser plus longtemps
Il est donc fortement déconseillé de passer la nuit sur ses cours avant un examen! En revanche, selon Stéphanie Mazza, il semble bien qu’il y ait tout intérêt à réviser ce qui a été appris la journée avant d’aller se coucher, puis au réveil, le matin. «On l’a découvert récemment en testant l’apprentissage de mots en swahili, un dialecte africain, auprès d’étudiants». En pratique, 60 jeunes de 18 à 25 ans ont été séparés en deux groupes et invités à retenir 16 mots présentés par paires en swahili et en français. Les uns pouvaient travailler le matin, puis en soirée, les autres le soir, puis le matin après avoir dormi.
À l’issue de la première séance d’apprentissage les deux groupes ont obtenu des résultats équivalents. À la fin de la seconde séance, les écarts se sont révélés flagrants. Non seulement les «dormeurs» se souvenaient d’emblée de 10 mots sur 16, contre 7,5 mots en moyenne pour l’autre groupe, mais il leur fallait deux fois moins d’essais pour trouver tous les mots.
«En clair, lorsqu’on révise avant et après le sommeil, on apprend plus vite, souligne Stéphanie Mazza, mais la leçon est également retenue plus longtemps». Une semaine après les tests, et sans entraînement, ceux qui avaient dormi se rappelaient en effet de presque tous les mots (15 sur 16, contre 11 sur 16). Et ils s’en souvenaient encore six mois plus tard. Un enseignement que les étudiants auraient tout intérêt à adopter!
Source : Figaro
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